"Parce qu'ils ont tout donné"

Général Saint Chamas - gouverneur des Invalides

La juxtaposition de générations qui se succèdent, avec les mêmes difficultés et les mêmes enjeux, c’est cela l’esprit de l’Institution nationale des Invalides depuis plus de 350 ans.

Gouverneur des Invalides depuis 2017, le général de Saint Chamas nous a reçus dans son bureau, au cœur de l’hôtel des Invalides. Avec simplicité, au milieu d’objets qui évoquent sa carrière militaire - notamment la statue amusante d’un ancien légionnaire -, il nous parle de l’Institution, de la fonction qui l’anime aujourd’hui, au quotidien, de sa proximité avec chaque invalide et de l’attachement qu’il leur porte.

S’engager auprès des pensionnaires …

En complément de l’action de l'Institut national des Invalides (INI) « le gouverneur des Invalides est chargé d’exprimer aux pensionnaires, ces grands blessés de guerre accueillis aux Invalides, la gratitude du chef de l'État, la fidélité des armées et la reconnaissance de toute la Nation ».

Dans cette institution pluri-centenaire, la pérennité n’est pas un vain mot et montre qu’au-delà des changements politiques et sociétaux, rien n’a changé de la mission initiale : « assurer un accueil décent à ceux qui ont tout donné », être leur maison et leur refuge, un lieu où leur sacrifice est reconnu.

Au cœur des superbes bâtiments, quatre-vingt grands invalides de guerre bénéficient aujourd’hui de soins et d’une attention particulière car c’est autant leur corps que leur personne toute entière qui s’est sacrifiée et a été blessée.

« C’est parce qu’ils ont tout donné qu’ils méritent notre attention ». Une idée de mérite, au sens militaire, c’est-à-dire reconnaître dans le dévouement des soldats que leur attachement particulier à leur pays qui se trouve désormais inscrit dans leur chair, invite à une reconnaissance spécifique.

… parce que nous leur sommes redevables de leur engagement

De sa fondation sous Louis XIV aux actuelles cérémonies nationales, l’Hôtel des Invalides est un écrin de notre histoire : Napoléon y a décerné les premières Légions d’honneur, la nef de la cathédrale exhibe des drapeaux pris à l’ennemi, d’illustres militaires y sont enterrés et d’émouvantes cérémonies d’hommage national font vibrer sa cour d’honneur.

L’étonnante histoire des Invalides est intimement liée à celle des armées, car ici la défense de la France est visible au musée de l’Armée comme dans les blessures des pensionnaires.

Prendre soin d’eux est donc une manière de préserver leur mémoire, d’y apporter respect et reconnaissance, pour ne pas oublier que les sacrifices d’hier permettent la vie d’aujourd’hui.

« Un père, un frère, un fils, je pourrais tout être pour nos pensionnaires (…). Mon équipe et moi-même connaissons chacun par son prénom, par son histoire ». La grande famille des armées créé ici tout naturellement une vraie « relation familiale », où l’on vit ensemble les anniversaires et les fêtes.

De 105 ans à 32 ans, de la Deuxième Guerre mondiale au conflit afghan, les pensionnaires partagent un même quotidien et se trouvent réunis par leurs difficultés et leur dévouement au service de la France. Quelle que soit la durée de leur séjour, l’esprit d’accueil et d’entraide est de mise et manifeste la solidarité militaire autant que la reconnaissance nationale.

Protecteur et ami, « Monsieur le Gouverneur » est à leur côté chaque jour, œuvrant pour faire perdurer et rayonner cette belle institution.

Le gouverneur des Invalides est le frère d’armes, le proche, le confident, de ces invalides de guerre.