Nathalie Lévy, journaliste à Canal+, maman, aidante familiale... aimante !

BFM Radio, BFM TV, France 5, Europe 1, et maintenant Canal+. Autant dire que, depuis plus de 20 ans, Nathalie Lévy fait partie du quotidien des Français via le petit écran. Le 13 mars 2020, quatre jours avant le 1er confinement, sa grand-mère adorée, Rosine, fait une chute… le début d’une expérience intergénérationnelle intense et d’une vie parallèle d’aidante familiale.

Nathalie Levy

J’ai fonctionné avec mon cœur

« Ma Mamie, c’est mon patrimoine, mon supplément d’âme. » À 29 ans, Rosine perd son mari, son grand amour, Maurice. Elle quitte l’Algérie avec ses 2 petites filles sous le bras, dont la mère de Nathalie, et doit tout reconstruire. « C’est une femme qui va de l’avant. Elle m’a fait grandir, m’a structurée. Alors, j’ai fonctionné comme une petite-fille passionnée par sa grand-mère : avec ma mère et ma tante, nous nous sommes organisées pour qu’elle puisse rester chez elle après sa chute, c’était un juste retour des choses. » C’est le début d’une double vie pour Nathalie : le matin, elle assure une présence chez sa grand-mère, s’occupe d’elle, lui prépare son déjeuner, puis sa mère ou sa tante prend le relais et elle file préparer ses émissions.

Le lien intergénérationnel est malmené

Les relations sont parfois délicates entre les trois générations de femmes. Quatre générations même avec Faustine, la fille de Nathalie, qui visite son arrière-grand-mère tous les après-midi à la sortie de l’école. « Bien sûr, il y a des grincements de dents, des incompréhensions, des larmes. Il faut trouver un équilibre entre nos personnalités, la soif de chacune d’avoir un lien privilégié avec Rosine. Mais je me suis sentie réellement à ma place, je me suis sentie utile, et j’ai reçu infiniment ! » Nathalie a notamment certains rituels : elle se blottit contre sa mamie dans son lit, la masse, lui lave les cheveux. Des moments suspendus assurément précieux. Et puis elle la filme beaucoup, l’enregistre… l’inscrit en quelque sorte dans l’éternité.

« Auparavant, l’ancien était inclus dans le foyer. Aujourd’hui, la société est individualiste, les aînés sont écartés, délaissés et sans le respect de ses vieux, c'est de mauvais augure. Je voulais que ma fille se nourrisse de tout ce que Rosine pouvait lui apporter. Alors oui, je me suis parfois privée d’autre chose pendant cette période, mais cette coexistence m’a déterminée, m’a aidée à m'aligner. » Nathalie a notamment écrit un second livre à paraître en février sur les personnalités (artistes, sportifs, chefs) et leurs liens avec leurs grands-parents.

Je me suis sentie réellement à ma place, utile, et j’ai reçu infiniment ! 

Ces aidants qu’on n’aide pas

En 2019, le gouvernement a promulgué une loi pour soutenir les aidants familiaux, la possibilité de prendre des congés, etc. « C’est une étape, mais ce n’est pas suffisant. La somme allouée et la durée du congé sont trop faibles. Et puis il y a un vrai sujet avec les aidants professionnels. C’est un métier noble, une tâche délicate et nécessaire, or on ne leur donne aucune visibilité, et c’est un parcours du combattant pour en trouver. » Il y a tout juste un an, entre l’anniversaire de Nathalie et celui de Faustine, Rosine s’en est allée. « J’ai vécu avec cette femme pendant 45 ans, alors j’ai pensé que je ne survivrais pas à sa disparition, et je l’ai beaucoup anticipée. Désormais, cela me désoriente de parvenir à vivre. »

A LIRE : 

Courage au coeur et sac au dos
Editions du Rocher, 192 pages - 17,90 €